Le gouvernement Sharon n’a pas gagné son pari. Loin de là : la volonté de résistance des Palestiniens et des Palestiniennes n’a jamais été aussi ferme. Certes, il a résilié les Accords d’Oslo en abolissant la zone A, cependant il est à noter que les Accords d’Oslo ont déjà rempli leurs fonctions pour les deux côtés :
- Pour Israël ils devaient permettre de renvoyer à la "phase terminale" les solutions des quatre grandes questions : celles des réfugiés, des frontières, des colonies et de Jérusalem.
- Pour la direction palestinienne, ils devaient permettre une certaine institutionnalisation d’une base déjà présente sur la terre de Palestine, afin d’aller en avant et de créer dans la "phase terminale" un État palestinien…
Les Accords d’Oslo se sont terminés lors des négociations de la "phase terminale" où l’on a rien réalisé concernant les grandes questions, ce qui a donné d’un côté l’Intifada Al-Aqsa et de l’autre le gouvernement Sharon.
Que peut faire ce dernier en plus de ce qu’il a déjà entrepris depuis plus d’un an ?
Certainement, la guerre impérialiste contre l’Irak tombe au bon moment pour ce gouvernement. Cependant, elle ne lui offrira aucune possibilité d’imposer une quelconque solution viable concernant les revendications justes des masses palestiniennes. Tout au plus elle lui permettra :
- de supplanter les Accords d’Oslo par d’autres du même genre (ce qui est d’ores et déjà en train de se faire) ;
- d'œuvrer avec une fraction de la bourgeoisie palestinienne pour un cessez-le-feu tout en poursuivant la guerre contre les avant-gardes révolutionnaires et les diverses structures de l’Intifada sous le mot d’ordre : « Destruction des racines du terrorisme » ;
- d'instaurer une période intermédiaire dont la durée et les confins restent indéterminés et après laquelle on disserterait d’une énième "phase terminale".
Pour le moment, en Palestine, il y a la guerre. Sharon continue sa campagne de destruction. Les assassinats, les arrestations, l’arrachage des arbres et les couvre-feux dans les villes et villages dévastés n’ont pas diminué, seulement ils n’occupent plus le devant de la scène : les préparatifs de l’invasion impérialiste de l’Irak avec ses divers scénarios plus cauchemardesques les uns que les autres ne laissent pas beaucoup de place pour les "petites horreurs" en Palestine.
Certainement, la solidarité avec la Palestine aujourd’hui passe aussi par la mobilisation contre la guerre impérialiste prévue contre l’Irak.
Camarades,
Tout laisse supposer que la pacification américaine du Moyen-Orient avec la guerre prévue contre l’Irak sera plutôt l’instauration d’un état de guerre permanent dans la région justifiant, sinon garantissant, une présence militaire américaine assez massive. Nulle part comme ici ne s’avère aussi évidente et vraie cette formule : « Washington ne veut pas d’une solution, elle veut seulement un problème de longue durée… » L’aveuglement du gouvernement israélien le pousse à engager l’entité sioniste comme une base militaire fort utile aujourd’hui pour le dispositif américain, voire indispensable demain quand il faudrait s’attaquer à la Syrie et au Liban. Seulement, le sort des bases militaires, fussent-elles les plus importantes, n’est guère enviable…
Mobilisons-nous, camarades, contre cette criminelle guerre impérialiste ;
Mobilisons-nous, camarades, pour soutenir davantage l’Intifada et le peuple de l’Intifada.
L’Intifada continuera ! L’Intifada vaincra !
Georges Ibrahim Abdallah
Prison de Fresnes, le 11 octobre 2002